Cette figure de style ? Sept figures de style !

Les figures de style sont des procédés d’expression qui permettent d’embellir un texte ou de rendre un discours plus convaincant et (d)étonnant. Si les mots de métaphore, d’allégorie, d’euphémisme, de litote ou d’allitération réveillent chez vous des souvenirs de cours de français, ne fuyez pas : nous vous avons concocté une petite liste décalée afin de vous aider à y voir plus clair.

1. Une comparaison comme une métaphore ? Il faut raison garder !

Comparaison et métaphore visent toutes les deux à rapprocher un terme d’un autre. Ce sont les figures de style idéales pour créer des images puissantes. « Son crâne est lisse comme une boule de billard » est une comparaison. Le crâne est comparé à une boule.
La métaphore est un peu moins évidente que la comparaison : elle ne comporte pas de mot du type de « comme » pour évoquer deux éléments. La phrase « le ruisseau d’argent de sa barbe » est une métaphore (elle évoque une barbe blanche fournie). En revanche la phrase « Sa barbe était d’argent comme un ruisseau d’avril » (Victor Hugo, Booz endormi) est une comparaison. Quand on vous dit que la langue française est subtile !

 

2. Non, Rodrigue n’est pas passé à la boucherie acheter des abats : la métonymie

Imaginons une personne qui prendrait tout au premier degré, ça arrive ! Dans Le Cid de Racine, quand Don Diegue demande à son fils « Rodrigue, as-tu du cœur ? », une telle personne, très premier degré, va se demander pourquoi un noble espagnol demande à son rejeton s’il a un morceau de viande dans son garde-manger.
Évidemment par « cœur », Don Diegue n’entend pas l’organe mais le sens de l’honneur, la fierté. On est en présence d’une métonymie dans laquelle un concept - ici le sens de l’honneur - est désigné par un autre mot - le cœur en l’occurrence - avec lequel il entretient un lien.

 

3. Si à 50 ans tu n’as pas ton antonomase, tu as raté ta vie !

Dans une antonomase on utilise un nom propre comme un nom commun. Molière est un grand pourvoyeur avec ses personnages iconiques. On dit d’un séducteur que c’est un don juan, et d’un hypocrite qu’il est un tartuffe. Et si l’on vous qualifie d’harpagon (du nom du personnage de L’Avare), c’est sans doute que vous êtes un peu près de vos sous…un peu avare. La mythologie grecque, elle aussi, nous a laissé quelques antonomases. Un beau garçon est ainsi volontiers qualifié d’apollon.

 

4. Joue-la comme De Gaulle avec l’anaphore

Quand on veut scander un discours comme un véritable tribun, rien de tel que l’anaphore. Cette figure de style consiste en la répétition du même terme en début de phrase. En voici une des plus connues, tirée du discours de Charles De Gaulle du 25 août 1944 : « Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! ». Au théâtre aussi, l’anaphore est une figure de style très prisée, comme en témoigne Corneille en faisant scander Camille dans sa pièce Horace : « Rome, l'unique objet de mon ressentiment ! - Rome, à qui vient ton bras d'immoler mon amant ! - Rome qui t'a vu naître et que ton cœur adore ! - Rome enfin que je hais parce qu'elle t’honore ! ».

 

5. Litote vs. euphémisme : le match à fleuret moucheté

Ces deux figures de style jouent sur l’atténuation, pour montrer ce que l’on veut cacher. Et on peut dire que la distinction entre les deux est très ténue. Alors que la litote cherche, en creux, à mettre en valeur le propos, l’euphémisme vise au contraire à en restreindre la portée. La phrase « Va, je ne te hais point » dit par Chimène à Rodrigue dans Le Cid est une litote : Chimène aime vraiment Rodrigue. Avec ce « je ne te hais point », elle lui avoue tout son amour.
En revanche, écrire « Il nous a quittés » plutôt que « Il est mort » dans un faire-part de décès est un euphémisme. En l’espèce, cette figure de style vise à diminuer le tragique de la mort.

 

6. Quand oui veut dire non : l’antiphrase

L’antiphrase est la figure de style ironique par excellence. Elle consiste à dire le contraire de ce que l'on pense, mais avec l’intention de bien faire comprendre le fond de sa pensée. Beaumarchais l’utilise dans Le Barbier de Séville en faisant dire à Figaro qui s’est fait agonir d’insultes par le comte Almaviva « Voilà les bontés familières dont vous m’avez toujours honoré. ». En vérité, Figaro n’en pense pas un mot. Le contexte et le ton sont essentiels pour comprendre une antiphrase… au risque d’encourager son interlocuteur à persévérer dans la mauvaise voie !

 

7. Je ne parlerai pas ici de la prétérition, mais sachez que c’est une figure de style étonnante

La prétérition consiste justement à attirer l’attention sur quelque chose après avoir annoncé qu’on n’en parlerait pas. Dans la bande dessinée Coke en stock, Dupont, de l’inénarrable duo policier des aventures de Tintin, confie ainsi « Si vous comptez sur nous pour vous révéler qu'il s'agit de trafic d'avions, vous vous trompez lourdement. Motus et bouche cousue, c'est notre devise. » Sous la plume d’Hergé, le pauvre Dupont révèle tout ce qu’il veut cacher !