Emmanuelle Laborit et Abd al Malik, marraine et parrain de la Semaine

Découvrez les deux artistes engagés qui ont accepté de parrainer cette 25e édition de la Semaine de la langue française et de la Francophonie.

Emmanuelle Laborit, marraine de la Semaine

« La DGLFLF organise la Semaine de la langue française et de la Francophonie sur le thème de l’eau. Cette thématique est belle car l’eau est vitale, nourrissante, équilibrée, comme la langue ! Être marraine de cette semaine, est l’occasion pour moi d’associer la langue des signes à cet événement et ainsi lui redonner de la visibilité. Il me semble important de rappeler que la langue des signes reste encore peu visible dans le monde audiovisuel et les médias. Proposer des versions sous-titrées des émissions, films, reportages n’est pas encore automatique, privant les personnes sourdes d’un vrai choix de programme et d’accès aux chaines publiques.

Si la langue des signes française est ma langue naturelle, la langue française est ma langue d’adoption, la langue de ma famille, ma langue d’affection et aussi celle du travail. La langue française m’a permis de faire découvrir la langue des signes et la culture sourde au grand public. J’ai cherché à rassembler ces deux mondes, ces deux langues grâce au monde de l’art, au théâtre, aux films et aux médias. Faire se rencontrer français et langue des signes est une richesse. Les entendants ont de nombreuses choses à apprendre de ceux qui parlent la langue des signes. Plutôt que de priver les enfants sourds de l’apprentissage de cette belle langue, privilégions plutôt un apprentissage plurilingue. Vive la Semaine de la langue française et de la Francophonie ! Vive la diversité ! »

 

Débutant le théâtre à l’âge de 9 ans, Emmanuelle Laborit a joué dans des mises en scène de Ralph Robbins (Voyage au bout du métro), Thierry Roisin (Antigone), Philippe Carbonneaux (Pour un oui ou pour un non), Marie Montegani (K.Lear), Jean-Claude Fall (Parole perdue). Son rôle dans Les Enfants du silence, mis en scène par Jean Dalric et Levent Beskardès, lui vaudra en 1993 le Molière de la Révélation théâtrale. Elle a également travaillé avec Barbara Nicolier (Poèmes de Michaux), Serge Hureau et Philippe Carbonneaux pour Inouï Music-Hall ou encore Philippe Galant pour les Monologues du Vagin. Au cinéma, elle a tourné avec Claude Lelouch (11’’.09’.01 September 11), Christophe Schaub (Amour secret), Mehdi Charef (Marie-Line), Pascal Baeumler (Retour à la vie), Yves Angelo (Un air si pur), Roberto Faenza (La Vie silencieuse de Marianna Ucria), Caroline Link (Au-delà du silence), Felipe Vega (Le Toit du Monde), Ariane Mnouchkine (La Nuit miraculeuse). Elle a publié aux éditions Robert Laffont Le Cri de la Mouette qui a été traduit en 14 langues et a obtenu le prix Vérité.

Parallèlement à son engagement pour la reconnaissance de la langue des signes française (LSF), elle prend en 2004 la direction d’IVT - International Visual Theatre, et ouvre à Paris, en janvier 2007, le premier théâtre en France dédié à la langue des signes, aux arts visuels et corporels. Elle codirige maintenant IVT avec Jennifer Lesage-David.

En 2011, elle crée Héritages, sa première mise en scène, assistée d’Estelle Savasta. Elle participe également à l’adaptation en langue des signes française du spectacle Traversée, mis en scène par Estelle Savasta. En 2013, elle collabore en tant qu’auteure et comédienne au spectacle d’IVT Une sacrée boucherie, créé en collaboration avec Pierre-Yves Chapalain à l’écriture et Philippe Carbonneaux à la mise en scène. En 2014, elle signe sa seconde mise en scène avec le spectacle La Reine-Mère, adaptation du conte de Blanche Neige. En 2016, elle a travaillé sur la création d’une lecture théâtrale en langue des signes française de l’album jeunesse Le Prince Tigre de Chen Jiang Hong. En octobre 2017, Emmanuelle Laborit remonte sur scène avec Dévaste-moi, un spectacle hybride mêlant chansigne, théâtre et concert mis en scène par Johanny Bert. Dévaste-moi connaît un grand succès, le spectacle ne cesse de tourner depuis sa création et sera programmé à Avignon en juillet 2020.

 

Abd al Malik, parrain de la Semaine

« La francophonie est mon pays. Elle s’inscrit dans des frontières mais ne connaît aucune limite. Si, liée au passé colonial, à l’éthnicisme ou à l’impérialisme, elle a pu être poison, elle est aujourd’hui incontestablement remède. La demeure par excellence du cosmopolitisme et, à l’heure de la mondialisation, l’une des rares places fortes de l’altérité. Ce paradoxe-là, cet ambigu du poison devenu remède, a été identifié, théorisé, négocié et compris par des générations d’intellectuels, d’artistes, d’écrivain(e)s, de poétesses, de poètes qui m’ont précédé et totalement assimilé par la mienne, la génération hip- hop, qui a su elle aussi intégrer la francophonie comme moyen de faire liaison. Mais cette métamorphose progressive aurait été absolument impossible sans l’acceptation de la différence, qui est in fine la valeur cardinale de la francophonie.

Cette francophonie qui invite toutes celles et ceux qui en sont porteurs à imager leurs origines personnelles, à réinventer leur histoire de France et à enfanter un récit qui dialogue de manière toujours plus constructive avec l’Europe et le monde. Cette francophonie est une réécriture nécessaire de la grande et de la petite histoire afin de faire résonner des moments en écho pour que rayonne la richesse et la diversité des possibles. Cette francophonie est aussi sans aucun doute, à l’heure des problématiques migratoires, de l’urgence écologique et de toutes les radicalisations, une opportunité de donner une profondeur nouvelle et humaniste au débat démocratique national et international.
Bref, vous l’aurez compris, si je m’engage aujourd’hui en tant que parrain de la Semaine de la langue française et de la Francophonie c’est parce que celle-ci est d’abord, pour moi, la langue officielle d’un mythe capable d’impacter positivement le réel et un état de droits qui est, au fond, un état d’esprit. »

 

Abd al Malik, né Régis Fayette-Mikano, est un rappeur, poète, romancier, essayiste, scénariste, metteur en scène et réalisateur français d’origine congolaise. En 2008, il est élu « Artiste de l’année » et nommé au grade de chevalier des Arts et des Lettres – il sera ensuite nommé officier en 2017.
Né à Paris en 1975, Abd al Malik grandit dans une cité HLM à Strasbourg (Neuhof). Chanteur, slameur et rappeur, il a enregistré cinq albums en studio et trois albums collaboratifs.

Parallèlement à sa carrière musicale, Abd al Malik a publié sept livres dont son récit autobiographique Qu’Allah bénisse la France (Albin Michel, 2005) qui devient, dès sa parution, un flamboyant succès de librairie. Cette histoire sera adaptée au cinéma par lui-même en 2014.

Artiste engagé, il porte les mots comme arme ultime pour plus de tolérance et se bat contre l’illettrisme depuis 2007.
Également remarqué pour ses mises en scène au théâtre, Abd al Malik a récemment était applaudi pour son adaptation des Justes d’Albert Camus au théâtre du Châtelet. Il est actuellement en tournée avec sa dernière création Le jeune Noir à l’épée, long poème musical qui lui a été « révélé » lors de sa visite de l’exposition « Le Modèle noir de Géricault à Matisse » qui s’est tenue l’an dernier au musée d’Orsay. D’abord paru en format livre-audio chez Flammarion, l’artiste en a créé un spectacle où se mêlent harmonieusement poésie, slam, théâtre et danse. Il se produira du 4 au 7 avril prochain dans l’auditorium du musée d’Orsay.