Nous vous proposons dans cet article dix déclinaisons autour de cette thématique de la vague :
Hokusai, La Grande Vague de Kanagawa (1831-1832)
Surnommée « La Vague » dans la culture populaire, La Grande Vague de Kanagawa signée Hokusai est l’estampe japonaise la plus célèbre de l’histoire de l’art. À l’origine du mouvement japoniste, Katsushika Hokusai a réalisé cette estampe en 1831. L’œuvre a inspiré les plus grands noms de la peinture européenne tels que Gauguin, Lacombe, Maillol... Monet a collectionné vingt-trois estampes de l’artiste japonais. La Grande Vague de Kanagawa a également illustrée la couverture de la partition originale de La Mer, trois esquisses symphoniques pour orchestre de Debussy (en 1905).
Gustave Courbet, La Vague (1869)
Au milieu du XIXe siècle, la mer, longtemps crainte et méconnue, devient à la mode. L'image que donnent les artistes de l'océan connaît alors une évolution. La mer devient un sujet d'étude complexe et passionnant. Au cours de l’été 1869, Courbet s’installe à Étretat, petite ville de pêcheurs nichée au fond d’une valleuse qu’enserrent d’impressionnantes falaises de craie. Il se détache alors du genre traditionnel de la marine (histoire navale, scènes de naufrage, de pêche…) et trouve son inspiration dans une approche directe de la mer pour rendre matérielles la fluidité et la transparence de l'eau ainsi que le flux et le reflux. [2] Il peint alors sa célèbre série d’huiles sur toile Paysages de mer connue sous le nom de La Vague.
Gustave Le Gray, La Grande vague - Sète - N°17 (1857)
Au XIXe siècle, la marine cherche à gagner ses lettres de noblesse dans le domaine de la photographie. Grâce au collodion qui permet un raccourcissement du temps de pose, le photographe Gustave Le Gray se confronte au sujet marin. Sa série Les marines sera l'illustration éclatante de son savoir-faire au collodion en grand format, réalisée précisément entre 1856 et 1858 : en 1856 sur la côte normande, en 1857 sur la Méditerranée, en 1858 en Bretagne.
Camille Claudel, La Vague ou Les Baigneuses (1897-1903)
Présentée dans sa version en plâtre au Salon de 1897, La Vague a été réalisée en grande partie de la main de la sculptrice Camille Claudel. Les trois petites femmes de bronze, identiques, plient les genoux avant de voir s’écrouler sur elles l’énorme vague de marbre-onyx qui les surplombe. On peut y voir une image de la destinée, comme dans plusieurs autres sculptures de l’artiste à cette époque. Œuvre décorative où la lumière occupe une place prépondérante, La Vague, d’inspiration japonisante, est proche par la couleur et par la forme de l'estampe du peintre japonais Hokusaï et annonce des séries plus tardives de Camille Claudel. [3]
Chateaubriand, Mémoires d'Outre−tombe (1811-1848)
À la fin du XVIIIe siècle, certains auteurs, comme Chateaubriand, évoquèrent les tempêtes de la vie à travers celles de l’océan, se démarquant ainsi du modèle antique. La mer devint alors le miroir de l’âme du poète, rythmée comme une respiration profonde. [4] Dans l’œuvre posthume et phare de Chateaubriand, les Mémoires d’outre-tombe (1811-1848) le lecteur est amené à considérer l’océan comme l’image de l’écrivain et de sa destinée. [5]
« Un des premiers plaisirs que j'aie goûtés était de lutter contre les orages, de me jouer avec les vagues qui se retiraient devant moi ou couraient après moi sur la rive. »
« J'adressai des paroles d'amour aux vagues, mes compagnes : ainsi que de jeunes filles se tenant par la main dans une ronde, elles m'avaient entouré à ma naissance. » [6]
Alphonse de Lamartine, Adieux à la mer (Nouvelles méditations poétiques, 1823)
Les mouvements de la mer ont inspiré maints poètes et romanciers. Alphonse de Lamartine personnifie la mer dans son poème Adieux à la mer, publié en 1823 dans le recueil Nouvelles méditations poétiques. [7]
Extrait :
« Que je t'aime, ô vague assouplie,
Quand, sous mon timide vaisseau,
Comme un géant qui s'humilie,
Sous ce vain poids l'onde qui plie
Me creuse un liquide berceau. […] »
AJ Dungo, In Waves (Casterman, 2019)
In Waves est le premier roman graphique d’AJ Dungo. Après la mort de sa compagne, l’auteur états-unien se lance dans le récit de leur relation, entremêlée à l’histoire du surf, sport de prédilection de celle qu’il aimait. Cet ouvrage de près de 400 pages relate merveilleusement « La perte d’un être cher et la façon dont on traverse le deuil, en surfant comme on peut la crête d’une grosse vague. Tantôt au-dessus de l’écume, tantôt envahi et fracassé par le poids de l’eau. » [8]
Michel Boucher, Comment naissent les vagues ? (Gulf Stream Editeur, 2006)
Le phénomène de la vague inspire également la littérature jeunesse. Dans l’album Comment naissent les vagues ?, un petit garçon assis sur un banc face à la mer, interroge sa mère sur les vagues et leur origine. Ses questions loufoques prennent alors vie dans les illustrations de la page d'à côté. « Elles sont fabriquées dans des usines ? On les fait pousser ? Pour grandir, elles boivent du lait ? Les vagues, elles peuvent devenir méchantes ?... » [9].
Vanessa Paradis, La vague à lames (Serge Gainsbourg/Franck Langolff, 1990)
Vanessa Paradis chante « La vague à lames », titre écrit par Serge Gainsbourg et composé par Franck Langolff. Cette chanson est extraite de son deuxième album Variations Sur Le Même T'aime sorti en mai 1990.
Extrait :
« La vague à lames
Peut-être un brise l'âme
Jaillit une lame
De couteau ça tourne au drame
Sur de l'émail
Ou du corail
Vais–je m'échouer
Qui sait » [10]
Hervé Manificat, Terre des vagues ; une anthologie de la vague et de ses littératures (Atlantica, 2015)
« Et si l’océan, les lacs, les rivières suscitent des rêveries et des romans d’aventure, la vague forme à elle seule la plus authentique et la plus naturelle des poésies. On ne s’étonnera pas que tant d’écrivains renommés ou engloutis aient usé de la vague comme d’un motif purement littéraire. »
L’auteur Hervé Manificat, grand lecteur de récits de voyages et d’explorations depuis son enfance, est un surfeur passionné. Il est aussi rédacteur et traducteur pour la version française du magazine Surfers’s Journal. Dans son ouvrage Terre des vagues ; une anthologie de la vague et de ses littératures, il aborde la vague et le surf à travers près de 290 récits et 430 illustrations qui invitent au voyage. [11]
Le Saviez-vous ? La vague et la Francophonie
Le Festival international du cinéma francophone en Acadie (FICFA) a été créé en 1987 à l'occasion du 2e Sommet de la Francophonie à Québec. La ville de Moncton avait alors été sélectionnée pour accueillir cet événement unique au Canada. Après 9 jours de cinéma, de festivités et de diversité, c’est le public qui remet chaque année son Prix La Vague. [12]
[1]www.larousse.fr
[2] Annette Haudiquet, Laurence des Cars, Dominique de Font Réaulx et coll. « Vagues — Autour des paysages de mer de Gustave Courbet » Catalogue d’exposition — Le Havre, musée Malraux, 13 mars – 6 juin 2004, (Somogy), Paris, 2004,192 p. ISBN 10 2-85056-731-0
[3]http://www.musee-rodin.fr/fr/collections/sculptures/la-vague-ou-les-baigneuses
[4]http://expositions.bnf.fr/lamer/arret/index51.htm
[5] Lehtonen Maija, Chateaubriand et le thème de la mer. In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1969, n°21. pp. 193-208;
[6] Chateaubriand, Mémoires d’Outre-tombe, Partie 1 Livre 1 Chapitre 4
[7]https://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/Poemes/alphonse_de_lamartine/adieux_a_la_mer
[8]https://www.casterman.com/Bande-dessinee/Catalogue/albums/in-waves
[9] Michel Boucher, Comment naissent les vagues ? (Gulf Stream Editeur, 2006)
[10]https://www.youtube.com/watch?v=eqCbEu7t4-4
[11]http://www.atlantica.fr/livre/22021/Terre_des_vagues
[12]http://www.ficfa.com