La Cité internationale de la langue française, premier établissement culturel entièrement dédié à la langue française

Inaugurée en juin 2023, la Cité internationale de la langue française, qui sera installée au château de Villers-Cotterêts (Hauts-de-France), portera un regard inédit sur le français, ciment du pacte républicain et langue de diversité, en partage avec plus de 300 millions de locuteurs dans le monde.

C’est un lieu chargé d’histoire et de symboles. Connu de tous comme étant le site où François Ier parapha la fameuse ordonnance qui imposa, en 1539, l’usage du français dans les documents administratifs et judiciaires jusqu’alors rédigés en latin, le château de Villers-Cotterêts, plusieurs fois réhabilité au cours des siècles, va devenir, en juin 2023, le premier établissement culturel entièrement dédié à la langue française.

 

Un nouveau modèle de lieu culturel

Véritable « lieu de mémoire », le château de Villers-Cotterêts est appelé à un avenir particulièrement prometteur placé sous le signe de la langue française. « Dans ce lieu ancré dans l’histoire et ouvert à la création d’aujourd’hui, [il s’agit de] faire émerger un nouveau modèle de lieu culturel, qui a vocation à faire vivre la richesse et la diversité de la langue française, premier bien commun constitutif du pacte républicain, mais également langue de diversité, en partage avec plus de 300 millions de locuteurs dans le monde », a assuré Rima Abdul Malak, ministre de la Culture, dans ses vœux aux acteurs culturels.

« Le français est une langue hospitalière et doit le rester , abonde dans un entretien donné à News Tank Paul Rondin, nommé récemment à la tête de la Cité internationale de la langue française. Notre langue n’est jamais diminuée par ceux qui la transforment, au contraire. C’est cette dimension qui en fait un sujet en soi pour un équipement culturel ».

Ce projet, qui sera « autant culturel qu’éducatif, économique et touristique », selon la ministre de la Culture, comprendra de multiples composantes : expositions, spectacles, films, débats, résidences d’artistes, de chercheurs ou d’entrepreneurs, sessions de formation ou encore centre des technologies de la langue… Sur la base de partenariats public-privé, poursuit Paul Rondin, « nous y accueillerons des chercheurs, des entrepreneurs, des start-ups qui voudront réfléchir sur un certain nombre d’évolutions du langage, par la machine ou l’intelligence artificielle, avec l’ambition d’un incubateur européen sur les langues, grâce au concours de la délégation générale à la langue française et aux langues de France du ministère de la Culture. »

De quoi faire de la Cité internationale de la langue française un lieu de vie incontournable pour notre langue-monde, à la fois point cardinal du dialogue interculturel et laboratoire à la pointe de la recherche linguistique la plus innovante. 

 

Un parcours original

Un voyage interactif dans le temps et l’espace de la langue, c’est la promesse alléchante que nous réserve le parcours permanent de la visite, en nous orientant dans trois directions : « Une langue-monde » (une langue de la diversité, en partage avec 300 millions de locuteurs), « Une invention continue » (une langue vivante, riche et diverse), « Une affaire d’État » (une langue constitutive du pacte républicain, un bien commun).

A l’évidence, cette proposition généreuse renvoie au caractère « universel » de la langue française, mais elle le fait, selon la ministre de la Culture, en mettant en avant « un universalisme latéral, pour reprendre l’expression du philosophe Maurice Merleau-Ponty » et non pas au sens du fameux Discours sur l'universalité de la langue française que Rivarol écrivit à l’aube de la Révolution française. Autrement dit, « un universalisme qui ne serait pas « de surplomb », mais « en mouvement », se nourrissant de la diversité des expériences et des cultures de chacun ».

 

Une réhabilitation exemplaire

Confiée au Centre des monuments nationaux, la réhabilitation du château de Villers-Cotterêts est exemplaire à plus d’un titre. Prenons l’exemple du jeu de paume. Cet espace, situé entre les appartements du Roi et de la Reine, dont l’Institut national d’archéologie préventive (INRAP) a retrouvé les pavés vernissés, est devenu le véritable « poumon » de l’édifice, distribuant les différentes salles de la Cité.

Et ce n’est pas tout. L’architecte en chef des Monuments historiques, Olivier Weets, a imaginé le couronner d’une verrière magnifique, point d’orgue du bâtiment, à laquelle sont suspendus une centaine de mots choisis par les habitants de Villers-Cotterêts, formant un véritable « ciel lexical » qui, par de savants jeux d’ombres et de lumières, trace sur le sol une calligraphie mouvante et éphémère. Une réalisation impressionnante qui émerveillera, à n’en pas douter, les futurs visiteurs.

 

Une vocation nationale et internationale mais aussi territoriale

Au nouvel équipement culturel répond l’investissement des collectivités territoriales, notamment à travers le Pacte linguistique signé fin 2020 (ministère de la Culture – DRAC et DGLFLF, Région Hauts-de-France, Département de l’Aisne et les autres Départements de la région, communauté de communes Retz-en-Valois). Du Valois au Compiègnois, le Festival Paroles organisé par trois intercommunalités sur trois week-ends du 17 mars au 2 avril, marquera également la mobilisation du territoire.

Au niveau national, les nombreux acteurs de la langue française et de la Francophonie attendent avec impatience l’ouverture de la Cité internationale, clé de voute d’une politique de la langue rénovée sous l’égide du ministère de la Culture (Délégation générale à la langue française et aux langues de France). Le niveau international sera mis à l’honneur avec la présence de nos partenaires francophones qui contribuent au projet aux côtés de la France.

 

Programmation, résidences, festivals… la préfiguration de la Cité internationale de la langue française

 

La Cité internationale de la langue française a l’ambition de devenir, selon Paul Rondin, son directeur, un véritable « lieu de vie », où « on pourra amener tout un chacun à jouer avec la langue, à se rendre compte qu’elle est une liberté ». Car, poursuit-il, « Il y a tout dans la langue : le plaisir, la liberté, la dignité, la fierté et une forme de réappropriation ».

Dans ce « lieu de vie », certains viendront dans des studios, en résidence (de recherche, de musique, de langue, de théâtre, d’expérimentation numérique…), tandis que d’autres utiliseront les espaces partagés pour de la formation, de la sensibilisation ou des cours de langue.  

La programmation artistique couvrira tous les espaces : « Cela ira d’une projection de film l’été dans le grand parc à des spectacles de tous ordres (humour, rap, chanson, théâtre, performance, indiscipline…) dans l’auditorium, en passant par une lecture depuis le balcon de François 1er, une soirée, un bal ou une fête dans la cour, mais aussi des expositions temporaires qui très régulièrement viendront compléter le parcours permanent. »

Paul Rondin compte aussi s’appuyer sur la création d’un, voire plusieurs festivals. « Ces formats rendent familier l’accès à la culture exigeante. » Il réfléchit notamment à un festival d’humour. « Aborder l’humour sous le prisme de la langue change tout. Cela permet d’aller chercher, de discuter, de sélectionner. » S’ouvrir beaucoup plus à l’humour est une visée d’avenir pour le spectacle vivant.